vendredi 7 février 2014

Entre peine de mort et impunité

Au téléjournal de la RTS d'hier deux nouvelles, à mon sens aberrantes par contraste, dans la même édition. La première celle du meurtrier de Marie, le désormais célèbre Claude D., déclaré inguérissable par un des deux rapports psychiatriques attendus pour pouvoir le condamner à la prison à vie. L'autre nouvelle est celle de l'exécution au Texas d'une dame à problèmes qui a tué son mari. Au Texas on exécute pour un meurtre, même si l'on a des atténuantes médicales, en Suisse après deux meurtres on se demande encore s'il faut la prison à vie. Cherchez l'erreur! Je suis bien évidemment très opposé à la peine de mort, qui est un moyen barbare et inefficace pour résoudre les problèmes de la justice. Mais je m'inquiète également pour le laxisme juridique dans nos latitudes, qui laisse planer une atmosphère d'impunité généralisée, apte à augmenter le sentiment d'injustice, mais aussi d'insécurité auprès de la population. Le risque d'un retour de balancier n'est pas si lointain que cela. Des actes monstrueux, comme ceux commis par Claude D., "méritent" une peine privative de liberté, d'une part pour protéger la population, mais d'autre part pour affirmer que de tels actes ne peuvent pas être tolérés par la société et que leur auteur doit mesurer toute la gravité de ce qu'il a commis. Vivre en prison toute sa vie, signifie utiliser le temps qui reste pour mûrir, pour se réconcilier avec le monde et en même temps pour mesurer la gravité des actes. Et il s'agit toujours d'une vie, même si privée de la liberté. Alors je n'arrive pas à comprendre comme il est possible qu'on ait besoin d'excuses pour condamner un récidiviste à la prison à vie. L'excuse trouvée est d'ailleurs aberrante: il est inguérissable! Incroyable! Personne n'est inguérissable, mais cela ne signifie pas que si quelqu'un guérit, il doit sortir de prison après plusieurs homicides. Un meurtrier reste toujours un être humain, qui a besoin de respect et même de l'amour dont il a fait défaut. Mais à ce respect s'accompagne la vérité des actes que nous devons assumer. Et cela est valable pour tout être humain qu'une fois ou l'autre commet des fautes. "Qui est sans péché qu'il jette la première pierre", disait déjà Jésus. Ne pas juger, signifie alors regarder tout être humain avec compréhension et empathie. La société doit priver de liberté ceux qui la mettent en péril. Mais, si l'on suit Jésus, la prison doit offrir des espaces pour que l'être humain, qui y est enfermé, puisse grandir dans l'amour et le pardon, sans pour autant que l'on prenne à la légère les dysfonctionnements propres de l'esprit humain.

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